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JACQUES NESTLE (Sarrebruck 1907- Paris 1991)

« Je ne suis ni un peintre ni un artiste, je suis simplement un homme qui peint »

Jacques Nestlé nait à Sarrebruck en Sarre, région frontalière de la France, sous Guillaume II en 1907. Son père artisan verrier, est d’origine Napolitaine, et sa mère Sarroise. « Nous parlions et l’Allemand et le Français, ce qui n’était pas courant...je ne sais pas d’où ça vient » confiera Nestlé.

 

En 1923-1925 : Nestlé a 16 ans, il quitte Sarrebruck pour la France et découvre le Paris de Saint- Germain-des-Prés et ses galeries. Il vit de petits métiers.  Après un bref retour dans sa Sarre natale, Nestlé trouve un emploi de commis dans une imprimerie lithographique. Il y rencontre Matisse à qui il montre ses dessins, et qui l’encourage et le conseille :

 « Ecoute tout ce qui se dit, regarde tout ce qui se fait, et fais ce que tu veux ».

Jacques Nestlé commentera plus tard ces mots du Maître que jamais il n’oubliera : « Honnêtement c’est déjà ce que je faisais. En tout cas, c’est, depuis, ce que j’ai toujours fait ».

 

1925-1933 : A 18 ans il part pour Berlin : « C’était culturellement et artistiquement une ville en ébullition ». Le sculpteur Kolbe l’encourage à nouveau.

Jacques Nestlé est chef-décorateur dans les deux grands magasins de la ville.  Et il peint.  L’année suivante Il expose pour la première fois quatre de ses œuvres à la très renommée Berliner Secession.  « Cela ne ressemblait en réalité à rien ni à personne ». Elles sont remarquées et l’une d’elle obtient les honneurs de l’une des plus grandes revues d’art de l’époque.

Ces années de formation et de travail dans l’effervescence du Berlin du Bauhaus et de l’avant-garde marqueront son œuvre, particulièrement Kandinsky et Paul Klee.

Puis sa vie change de cours. « On voyait des Nazis partout. Ils faisaient la Loi et la Terreur où ils voulaient. Ils étaient « l’Ordre ». Je m’y opposais et les combattais »

Le jeune Nestlé sait ce qu’il risque. « Comprenez : lorsque vous croyez en quelque chose ou alors lorsque vous ne partagez pas une opinion, même si elle ne vous concerne pas, il faut savoir prendre ses responsabilités, s’engager, se battre. A ce moment, si vous êtes sincère, le risque est secondaire.

Je recevais des menaces de mort, j’étais Sarrois. Lorsque Hitler, que j’avais vu, a été nommé Chancelier, je me suis enfui avec ma compagne »

 

Nestlé fuit avec sa compagne précipitamment Berlin pour Paris en 1933, emportant seulement quelques toiles, monotypes et gravures sur bois, seuls témoignages de cette époque. Il est décorateur, notamment pour l’Exposition Universelle. Mais son unique raison d’être reste la peinture.

 

Dans le Paris d’après guerre, Jacques Nestlé observe la ville qui se construit et s'étend, en perpétuelle mutation. Sur les chantiers il capte l'essence des gestes, la relation des hommes au travail. Grues et machines s’entremêlent en un jeu de lignes et de tensions où l’homme au labeur en est le cœur vibrant. Il dessine aussi inlassablement des nus, cherchant, comme Matisse, la courbe essentielle. 

Le marchand et collectionneur d'art, Daniel-Henry Kahnweiler, souhaite le promouvoir comme il le fit avec Picasso, Braque, Derain ou Gris. Mais Jacques Nestlé ne se rend pas à son invitation.

Au début des années 50, Nestlé explore un temps le champ de l’abstraction géométrique qui s’expose au salon des réalités Nouvelles. Cette période assez courte est pourtant déterminante dans son parcours : sa vision dynamique de l’espace s’enrichit de noirs intenses.

Nestlé oriente alors ses recherches vers une forme d’expression picturale qui cultive l’ambiguïté entre figuration et abstraction pure. Ses nus qui rappellent les courbes de Matisse ou la composition anatomique propre aux nus cubistes de Picasso, tendent alors vers une abstraction à l’écriture très personnelle où l’utilisation des formes et des collages construit un espace abstrait dynamique et coloré.

Dans ses Odalisques, Figures-Totem, Encres-motifs, forêts abstraites, espaces cosmiques, paysages, il élabore un vocabulaire de formes essentielles dont les valeurs deviendront constitutives de son œuvre. Ses noirs lumineux font écho aux couleurs primaires. Jacques Nestlé tend vers une création plus spontanée, à l'image du désir impérieux qui saisit le peintre au moment de l'inspiration et développe une forme personnelle d'Abstraction Lyrique où l'artiste donne libre cours à une expression directe, reflet de son émotion intérieure.

Sous l’apparent plaisir pur de peindre que l’artiste revendique, rien n’est pourtant laissé au hasard dans la composition. Espaces structurés répondant aux courbes sensuelles, abstractions des formes, lumière des fonds blancs, collage :  c’est en pleine maitrise de son art, qu’il utilise la fluidité de la gouache et de l’encre dans ses techniques mixtes sur papier.

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