JACQUES NESTLÉ (1907 -1991)

C'est avec la conviction qu'il fallait engager un itinéraire d'appropriation esthétique du travail de l'artiste - en comprendre les sources, le chemin,  tracer des lignes majeures - qu'Artéa étudie depuis maintenant plusieurs années le coeur de l'oeuvre de Jacques Nestlé .  Né de la découverte d'un ensemble particulièrement intéressant d'oeuvres innédites, ce regard transversal - qui s'étend de 1925 à 1960 -  permet d'appréhender la formidable richesse de la vision du peintre. Des structures post-cubistes d'avant guerre où déjà le jeune peintre explore avec une grande maitrise les enjeux esthétiques qui traversent les courants modernistes de son époque, en héritier du Bauhaus , son art va ensuite peu à peu libérer la ligne au profit de l'enchantement de la couleur. Entre figuration et abstraction, la forme s'émancipe. Le geste devient propos, nourri des tensions et des équilibres qui organisent  son champ pictural. Ses noirs si emblématiques de son oeuvre vibrent et révèlent la lumière. Ils sont totems, courbes  sensuelles, jeux abstraits. 

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"Je suis simplement un homme qui peint" répond Jacques Nestlé quand on l'interroge sur son oeuvre. 

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La rencontre avec Matisse sera un élément déterminant dans le processus d'exploration artistique de Nestlé,  tout comme celle du grand marchand de Picasso, Kahnweiler. Mais si Matisse fut le révélateur de la couleur libérée, l'intérêt de Kahnweiler pour l'oeuvre de Nestlé aura tout au contraire porté l'artiste à confronter sa peinture avec lui-même,  dans le secret de son atelier. En effet, Nestlé  ne se rendit jamais à l'invitation de Kahnweiler qui pourtant avait souhaité cette rencontre : il ne se sentit jamais prêt.

L'artiste continuera à peindre, explorer le champ des possibles et pousser les limites seul, avec frénésie comme le démontre son oeuvre riche et diverse dans sa cohérence. Parallèlement, il sera décorateur.